Même si le phénomène tend à diminuer en ces temps de crise, il subsiste dans les couloirs de nos entreprises et le confort de nos open spaces une illusion de sécurité. Celle-ci tend à nous rendre passifs. En nous plongeant dans les multiples tâches qui sont les nôtres, on en oublierait certaines réalités et la question de notre employabilité devient vite la priorité numéro 33. Petites questions:
Quel est le dernier rendez-vous de réseautage que vous avez mis sur pied pour prendre la température sur le marché? Pour explorer d'autres horizons professionnels?
Quand avez-vous pour la dernière fois offert un peu de votre temps et vos conseils à quelqu’un en réorientation?
Quel est le dernier cours que vous ayez suivi et qui est le fruit de votre réflexion quant à vos besoins de développement?
Quel est le dernier livre que vous avez lu sur les évolutions de votre domaine? Et quelles formations appelle-t-il à suivre?
Quand avez-vous mis à jour votre CV pour la dernière fois ? Ou réfléchi à votre prochain poste?
Si toutes vos réponses remontent à plus de quelques mois, vous êtes peut-être pris dans le piège du confort de votre poste. Ou de son inconfort, si vous croulez sous la charge de travail! Dans ce cas, ce sont simplement des tâches non prioritaires qui sont vites écartées faute d’énergie.
Les facteurs qui changent la donne en matière d’employabilité
Aujourd’hui, nombre d’indicateurs sont bien visibles et devraient nous amener à envisager un réel changement de perspective:
Nous sommes en pleine crise économique tout d'abord. Nul besoin de le souligner davantage. Des industries entières sont en danger et concrètement des dizaines de millions de postes à travers le monde.
Nous sommes en pleine révolution industrielle aussi: une révolution technologique qui change radicalement les modes opératoires dans les organisations mais crée également des phénomènes comme la gig-economy, aussi appelée ubérisation. C’est l’essor des travailleurs indépendants sur mandat.
Cette révolution accélère les rythmes et la vitesse devient un facteur clé de compétitivité. Son corollaire sur le plan humain est un mouvement de responsabilisation des travailleurs les plus proches du terrain. Formidable opportunité, elle peut être déroutante et stressante si l’on évolue de longue date dans une pyramide. Dans tous les cas, attendez-vous à être toujours plus responsabilisés (cf. post sur l'empowerment).
Toujours sur ce plan, le mouvement d’automatisation va faire disparaître nombre de métiers, tout en créant de nouveaux dont on peine encore à percevoir les contours avec précision. Et le phénomène désormais touche autant les métiers très qualifiés que ceux qui le sont moins: pensez banquier, radiologue ou encore notaire, qui sont eux directement menacés par les blockchains.
Enfin, bien que l’insatisfaction soit présente à plusieurs niveaux de nos jours dans les entreprises, peu de gens bougent et prennent les choses en main: c’est humain. Nous sommes peu nombreux à aimer l’inconfort du changement et les efforts qu’il requiert.
Que faire de ces constats? Comment assurer son employabilité dans un tel contexte?
Vers une posture nouvelle au travail
S’il y a encore 20 ou 30 ans on pouvait envisager une carrière professionnelle relativement linéaire, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Nous sommes amenés à prendre de multiples casquettes et embrasser de multiples emplois et métiers. Le doyen de ma faculté m’en prédisait 7 en 1998… Je pense que le compte sera dépassé facilement!
Dans le contexte actuel, cela signifie sortir aussi vite que possible d'une certaine passivité . De nos jours, peu d’organisations ont et auront les moyens de prendre en charge votre développement, et l’on ne parle même pas de plan de carrière! Cette responsabilité vous reviendra de plus en plus – tacitement le plus souvent! Il vous appartient chaque jour un peu plus de vous projeter dans l’avenir et de comprendre où vont les tendances. A vous ensuite de mettre sur pieds le plan qui s’imposera pour rester “dans la course”.
Alors il est clair que cela se fera plus difficilement après une semaine de 60 heures, ou lorsqu’on est dans une angoisse permanente dans son quotidien… Pour cela je vous invite à consulter d’autres articles en relation:
Ce n’est que lorsque l’on retrouve une forme d’équilibre et de recul qu’il devient possible d’avoir la vue d’ensemble, de s’intérroger sur l’avenir et sur ses envies. En bref, travailler à son employabilité.
Pourquoi c’est difficile
Bon, de vous à moi, on le sait qu’on doit se prendre en main. Les médias nous le répètent régulièrement. Les amis et collègues qui ont perdu leur travail de manière inattendue nous le rappellent également. Alors qu’est-ce qui coince? De quoi vous protégez-vous en restant sagement à votre poste? Que vous racontez-vous à propos de votre employeur qui vous laisse penser qu’il aura toujours besoin de vous? Qu’en travaillant plus vous assurez votre poste sur le long terme? Cette ouverture sur le monde ne pourrait-elle pas être bénéfique y compris pour votre employeur actuel? L’aisance dans le contacts avec des inconnus mais aussi face au rejet, ne sont-elles pas de compétences supplémentaires? Prenez dans tous les cas le temps d’investiguer vos freins et cela au-delà de l’inévitable manque de temps.
Commencer par prendre conscience du phénomène et du lien avec l’employabilité
En définitive, réinventer son rapport au travail, c’est passer d’un mode “tête dans le guidon” à “capitaine du bateau”. Et c’est c’est certainement le plus grand cadeau que vous puissiez vous faire pour naviguer plus sereinement et par beau temps comme par tempête. Devenir capitaine, c’est réfléchir à son avenir, se fixer des objectifs, se former pour les atteindre, tisser les réseaux pour opérer les changements, etc. Et oui, cela prend du temps et de l’énergie qu’il faudra dégager de vos journées déjà chargées. Mais gageons que cette compétence et les fruits qu’elle développe pourraient être utiles dans les mois et les années à venir. Peut-être même qu’elle assurera davantage votre employabilité que vos performances actuelles sur le méga projet du moment.
Maintenant, à celles et ceux qui se sentent assommés par un tel message: respirez! Chaque chose en son temps. Prendre conscience de sa posture actuelle est parfois un réveil difficile et soyez indulgents avec vous-même… Chaque changement naît d’une prise de conscience et c’est déjà un premier pas magnifique. Ce changement de perspective est un chemin plus qu’une action et ce n’est pas un changement qui se fait du jour au lendemain… Il est caillouteux, suscite nombre d’interrogations, etc. Alors, laissez-moi vos doutes et vos incertitudes en commentaire de cet article: je serai ravie de compléter ce qui le mérite et de répondre à vos questions. Et si vous avez déjà pris le virage, vos trucs et astuces seront plus que bienvenus!
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