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La vérité sur l'empowerment et 3 stratégies d'action

"J’attends de vous des idées, de la proactivité, et que vous fassiez le nécessaire!" Qui n’a pas entendu ce genre de propos de sa cheffe ou son chef. La mode est à la responsabilisation, ou empowerment en anglais. Le terme prend clairement la perspective du management puisque c’est lui qui "responsabilise". En tant que consultante, j'entends d'ailleurs régulièrement les cadres se plaindre que leurs tentatives échouent, plus ou moins massivement. Qu’ils voudraient que tout ne remonte pas jusqu’à eux, que leurs équipes se débrouillent seules! Alors qu’est-ce qui nous rend si peu dynamiques à leurs yeux?


L'empowerment, facteur de votre compétitivité

Prenons, tout d'abord, un instant de la hauteur. Le monde est en pleine transformation. McKinsey le soulignait dans une enquête récente: le facteur vitesse sera critique à l’avenir. L’empowerment va devenir de plus en plus critique car une décision qui doit se prendre dans les plus hauts étages de l’organisation vous ralentit et met en jeu la compétitivité des organisations, voire leur survie. Alors développer dès aujourd’hui cette qualité-là est le garant de votre succès demain. La grande transformation en cours va amener des changements organisationnels majeurs. On assiste désormais çà et là au démantèlement du middle management. Quel en est le sens? Vous donner les commandes!!! Encore faudra-t-il être prêt·e et à l’aise de les prendre. Alors comment cela marche?





L'empowerment: du veux pieux à la réalité

Nous passerons ici le fait que l’empowerment restera un voeux pieux si le chef n’est pas prêt à lâcher une partie des commandes, accueillir des approches différentes des siennes ou encore des couacs dans l’exécution. Le bon fonctionnement d’une démarche d’empowerment nécessitera un double mouvement : un chef qui passe la balle et un collaborateur qui la prend au bond. Il s’agit d’un gros travail et pour les uns et pour les autres. C’est la conception même de son rôle de chef·fe qui est souvent remise en question. Et nous pourrions consacrer l’entier de cet article à ce phénomène. C’est ensuite souvent une posture nouvelle pour le receveur de balle. Regardons celle-ci de plus près.

La perspective du subordonné sur l’empowerment

Du coup, comment faire sa part en matière d’empowerment? Face à une injonction à davantage de prise de responsabilité, qu’allez-vous faire ? Comment allez-vous prendre les choses en main? Voyons un premier scénario où l’on imagine un·e chef·fe qui lâche du lest.

Exercez-vous sur des travaux dont l’enjeu est modéré pour valider votre approche puis étendez progressivement la pratique. Le principal changement par rapport à ce que vous faites déjà est d’élargir les perspectives et développer un regard global et pluridisciplinaire. Exemple vécu. Mettons que votre mission est de mettre en place des changements dans la gestion des contentieux financiers. Vous allez certes rapidement identifier des adaptations sur vos outils et dans un ou deux courriers. Vous penserez probablement à communiquer, voire former sur vos changements. Mais vos travaux impactent-ils d’autres équipes comme les vendeurs et le service clients? En toile de fond un risque de réputation. Et qu'en pensent les juristes? Ça dépend, bien souvent. Et niveau IT? C'est modélisable simplement et rapidement? Ce questionnement anticipé à 360°, d'une part, mettra à jour la soudaine complexité du sujet. D'autre part, cela rendra la solution et ses options plus robustes et facilitera la prise de décision.

Habituez-vous ensuite à approcher la solution en travaillant des options avec leurs avantages et inconvénients. Vos choix seront moins sujets à discussion. On déduit ici l’intérêt de travailler en équipe, de consulter au-delà des murs de votre service ou encore de vous intéresser aux chiffres, même si ceux-ci ne sont pas à priori entre vos mains.

Dans le meilleur des cas, vous décidez puis mettez en place. Pensez à tirer les leçons de vos décisions et actions et à les retenir pour les prochaines situations. Qu’est-ce qui a marché? Qu’est-ce que j’ai loupé? etc.

Et face à l’injonction paradoxale?

Dans un second scénario, encore classique, c’est finalement le chef qui décide. Dans ce cas observez ce que ce phénomène génère chez vous: qu’en est-il de votre envie de creuser, d’analyser sous tous les angles, de ne pas manquer un détail critique? Je fais le paris que celle-ci est entamée ou du moins s’émousse avec le temps. C’est sur ce terrain que naissent les commentaires déçus des managers. Alors que faire? Ne pas vous laisser endormir pas les sirènes de la déresponsabilisation! Le modèle pyramidal de nombreuses organisations pousse à ce genre de phénomènes qui, petit à petit, vous place dans une posture d’exécutant passif. A quoi bon s’exciter!? Pourtant, une certaine capacité de réaction et votre dynamisme sont en jeu! Peut-être pas pour le poste que vous occupez maintenant mais pour les suivants ou ceux que vous devrez chercher si la crise passe par là.

3 stratégies pour gérer le pseudo-empowerment

On ne change que soi. Vous le savez désormais. Alors quelle attitude adopter face à ce pseudo-empowerment? 3 stratégies à tester.

1. Tout d’abord prenez conscience du phénomène. Rentrez dans cette posture d’observateur : qui joue quel rôle? Qu’est-ce qui grippe le mécanisme d’empowerment? Selon le contexte et votre perception d’ouverture, discutez-le avec votre responsable. Il y a peut-être là une chance pour tous les deux de grandir.

2. Si le contexte ne vous permet pas d’aller sur ce terrain, ne renoncez pas à penser large et à agir « comme si » vous étiez aux commandes. Souriez de la décision, donnez sa chance à l’option retenue et gardez la posture de celui qui aurait pu décider sereinement car ayant toutes les cartes en main. Gageons que ce sont dans tous les cas des points qui compteront si vous visez une promotion ou un autre défi. Sur le plan cérébral, votre cerveau ne fait pas la différence. Si vous faites "comme si vous étiez aux commandes", il le vivra ainsi.

3. Enfin, pour cultiver cette posture "responsabilisée", exercez-vous partout où vous le pouvez. Prenez en charge votre développement continu et identifiez les formations que vous gagneriez à suivre pour la suite. Prenez cette posture dans vos activités extra-professionnelles également. (pour aller plus loin, cf. article sur prendre les commandes)


Votre situation en matière d'empowerment ne dépend pas réellement de vous. La clé, c'est ce que vous faites de circonstances qui sont les vôtres. Je vous invite dans tous les cas à y réfléchir et vous souhaite de l'expérimenter dans sa forme la plus noble. Si tel est le cas, voyez la chance, le plaisir de prendre enfin les responsabilités qui sont les vôtres et de grandir jour après jour dans sa pratique!


Et vous ? Comment le vivez-vous ce mouvement vers l’empowerment? Mythe? Réalité vécue ? Quels freins? Quels moteurs? Je me réjouis d’échanger avec vous sur le sujet.





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