Vous vous comparez un peu, beaucoup, souvent.
Vous vous dites que les autres sont bien meilleurs. C’est d'ailleurs un peu un coup de chance ou de timing si vous êtes à votre poste. Vous craignez qu’on découvre que vous n’êtes peut-être pas celui ou celle que l’on croit. Cette crainte de ne pas être à la hauteur est permanente. Alors vous bossez dur et vous veillez à tout.
Dans les occasions clés, vous pouvez même vous sentir dévoré·e par l’anxiété, ne plus en dormir, tout en faisant comme si de rien n’était? Parce que vous êtes doué·e pour masquer tout cela, n’est-ce pas? Cela vous amène aussi parfois à rester en retrait, beaucoup plus sûr, plutôt que de relever des défis que vous mériteriez et qui vous attirent secrètement.
Ça vous parle? Vous êtes probablement aux prises avec un syndrome typique du monde professionnel: le syndrome de l’imposteur. Une sorte de sentiment d'inadéquation qui persiste malgré un succès évident et la performance.
Une épidémie ou presque
Première nouvelle, vous êtes loin d’être seul.e! Savez-vous que quelque 60% des managers en général et près de 75% des femmes managers souffrent du syndrome de l’imposteur à un moment ou à un autre? Selon un sondage, il y a quelques années, l’idée que l’on s’aperçoive de leur incompétence est la peur première des leaders à l’échelle mondiale.
Or, ce syndrome vous place dans un rôle, vous force au contrôle et à la maîtrise. Et à l’heure du leadership trust and track, authentique et vulnérable, autant dire que vous êtes mal embarqué·e!
Si les "how to books" marchaient, ça se saurait
Vu la prévalence du problème, le sujet est régulièrement traité. Les stratégies ne manquent pas: « fake it till you make it », lister vos accomplissements, éliminer le discours intérieur négatif, s’entourer d’un bon cercle de personnes pour vous encourager et vous soutenir. Ou encore, tel que Google a pu le suggérer à ses cadres, parler ouvertement auprès de ses collègues de son vécu.
Dans le même registre, vous persuader des avantages d’être un·e novice ou vous focaliser sur l’apprentissage que les situations inconfortables vous permettent. Ce cher syndrome présenterait même l’intérêt de vous orienter davantage vers les autres puisque vous n’êtes pas à la hauteur!
Sérieusement? Ce n’est pas faire un peu contre mauvaise fortune bon gré? Si je suis une adepte du changement de perspective et de tromper mon cerveau, je reste très sceptique sur le fait de régler le problème de cette manière. Dans mon cas, si certaines de ces techniques ont aidé, tout cela n’a pas été une véritable solution.
La question de fond qu’on ne se pose pas
Curieusement, on ne s’intéresse peu ou pas aux racines du syndrome et à la raison pour laquelle vous ne savez pas reconnaître votre valeur. Toutes ces techniques focalisent sur le futur, en occultant simplement le passé.
Quand votre valeur s’est-elle perdue? A titre de rappel, vous êtes arrivé·e sur cette planète, potelé·e, sans dents, baveux·se, incapable de manger ou marcher mais bien conscient·e de votre valeur. Persuadé·e même d’être le centre du monde, vous avez réclamé les soins qui vous revenaient! Vous avez pris votre place!
Alors que s’est-il passé en chemin? Je mets une pièce sur un moment difficile, souvent dans l'enfance ou à l'adolescence qui a forgé la croyance de votre inadéquation. Le phénomène a ensuite été renforcé au fil du temps jusqu’à devenir tellement familier que, quel que soit le contexte, il est devenu votre réalité. Le mental ne pouvant vivre avec des pensées contradictoires, l’inconsciente vous domine (vous savez, les 95%), rendant toutes vos bonnes intentions et les how to books peu effectifs.
Se débarrasser du syndrome de l’imposteur
Dans le dernier post je vous parlais d’une méthode qui vous débarrasse de ce genre de problèmes en un ou deux mois. Il s’agit, schématiquement, de mettre ce ou ces événements marquants à jour et de le "remettre à leur juste place".
Une manager l’expérimentait récemment. Elle me disait quelques jours après notre séance: "J'avais tellement hésité à postuler à ce poste prestigieux à l’interne, de peur de ne pas être à ma place. Je viens d’être convoquée au premier entretien! Il y a une semaine, j’aurais eu peur après cet appel. Là, j’étais ravie! J’en ai même parlé à mon chef, sans ajouter un "de toute façon je sais que je ne serai pas prise", comme je l’aurais fait il y a encore quelques jours!"
Le shift est fait! Sa grande surprise? Découvrir que sa réalité professionnelle était si intimement liée à des événements de son enfance.
Le leadership, une affaire de développement personnel
Je fais du développement des personnes et des organisations depuis des années maintenant. J’ai appris deux choses en faisant ce métier.
Ne comptez pas trop sur votre organisation pour vous donner les conditions dont vous rêvez. Un boss ou un mentor qui valide votre valeur est un cadeau mais n'est de loin pas la norme.
Prenez les choses en main et changez la seule chose que vous pouvez changer: vous!
Ceci dit, se prendre en main n’est pas qu’une affaire d’un énième diplôme. C’est bien du développement personnel. Comme le dit la coach et professeur de management Monique Valcour dans HBR, le leadership requiert de nos jours un parcours continu de développement personnel.
Que faire? Quelques questions pour amorcer le travail:
Qui ou quelle situation a pu un jour ou l’autre sur votre chemin vous laisser penser que vous n’étiez pas à la hauteur?
De qui avez-vous toujours chercher l’amour et la validation sans l’obtenir?
Quelle partie de vous est dans l’imposture? Le petit garçon/la petite fille ou le vous, adulte?
La clé? Faire la paix avec votre passé.
En bref,
Le syndrome de l’imposteur est largement répandu. Source de stress et d’anxiété, c’est une véritable charge mentale, dont vous vous passeriez si vous êtes concerné·e. Si les stratégies pour le dépasser sont largement tournées vers des changements de comportement et de perspective, elles n’en restent pas moins peu efficaces. La solution? Remonter à la source. A ce jour où vous avez commencé à douter de vous et de votre valeur.
Si le sujet vous touche et l’approche évoquée dans ce post vous parle, Je vous invite à regarder ma masterclass sur le sujet
Alors, que feriez-vous de l’énergie qui ne serait plus consommée par votre anxiété?
Qu’est-ce que cela changerait pour vous d’avoir une saine appréciation de votre valeur?
A quel poste postuleriez-vous, si la peur qu’on découvre qui vous êtes vraiment n’était pas là?
Food for thought ;-)
Belle semaine!
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