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Photo du rédacteurAnne Grandjean

Pourquoi ces collègues qui vous agacent sont vos plus grands cadeaux

Ceci n’est pas un post sur la bienveillance. Ces collègues qui vous appuient sur vos boutons touchent à votre performance et probablement à votre insu.


Il y a Jean-Michel "qui n’y comprend vraiment rien", Jeanne qui se plaint tout le temps, et David qui tire toujours la couverture à lui. Il y aussi Julie qui a le don de toujours mettre les pieds au mur et ne voit que les problèmes.


Ils sont dans tous les services, à tous les étages. A minima, ces collègues vous irritent, parfois vous désarçonnent, souvent vous frustrent.


Il n’est pas question ici des profils dits "toxiques" (un sujet et une responsabilité davantage managériale) ou des challenges du travail en équipe. Je vous parle plutôt de cette énergie qui part en fumée (la vôtre!) au détour d’une séance ou d’un projet qui peine à avancer.


Et si ces collègues pouvaient ne plus avoir d’effet sur vous? Tout au plus vous décrocher un sourire?


Businessman au téléphone levant les yeux aux ciel d'agacement
Et si pouviez rester zen dans ces situations? Credit: Adobe Stock

Ce qui nous induit en erreur


Ces "personnes difficiles", sujet à la mode, font l'objet de livres complets et d’articles réguliers qui présentent de jolies typologies bien articulées. Quand ce n’est pas un test qui vous dit que vous aurez de la peine avec les "bleus" ou les "verts"! Tous truffés de bons conseils, on vous invite à poser des limites, à être bref, à vous affirmer, ou encore à articuler vos messages sur le modèle de la Communication Non Violente.


Ils maintiennent surtout l’illusion que "l’enfer, c’est les autres" pour reprendre Sartre. Or, avez-vous remarqué qu’ils n’appuient pas tous de la même manière sur vos boutons? La Grande-Gueule avait par exemple bien plus d'effet sur moi que Gronchon…. Autrement dit, s'ils ne vous touchent pas de la même manière, c'est peut-être qu’une partie de la solution est en vous…


Ce que l’agacement dit de vous


Il y aura toujours des Jeanne et des Jean-Michel. Si vous ne pouvez pas changer ce qui vous arrive expliquait Épictète, vous pouvez en revanche décider de ce que vous en faites.


En réalité, votre agacement face à la mauvaise qualité ou à la lenteur de vos collègues en dit beaucoup plus sur vous que sur eux. Qu’en est-il de votre propre relation à "leur défauts"? Vous ne les tolérez pas. Soit. Mais vous? Vous ne vous plaignez jamais? Vous livrez toujours du 100%? Vous êtes compétent·e dans tout? Et si oui, quel est le prix de cette performance/perfection?


Une autre perspective


J’ai trouvé des perles de sagesse et de l'inspiration dans le yoga et sa philosophie. Yoga signifie étymologiquement "unir", "réunir" rappelle le Docteur Lionel Coudron. Une grande partie du développement (de conscience) que le yoga propose consiste à se réapproprier et "réunir" toutes les parties de soi, jusqu’à "ne faire qu’un" avec une sorte de Tout.


Cela part de la reconnexion entre le corps et le mental, mais cela passe également par la réappropriation de toutes ses parties qu’on jugera "moins lumineuses". Autrement dit il s'agit de sortir de la dualité, un thème central dans la Bhagavad Gita par exemple mais que le Bouddhisme ou le Taoïsme évoquent largement aussi.


Aller au-delà de l’agacement


Et s’il y avait dans l’incompétence de Paul un écho à ma propre vulnérabilité? Mon exigence envers moi-même est certes louable, mais elle est aussi le reflet de mon incapacité à être à l’aise avec tout ce que je ne sais pas.


Face à ce collègue qui vous agace, quelle la partie moins lumineuse qu’il révèle de vous et que vous gagneriez à vous réapproprier?

La vérité c’est qu’en me débattant avec cette question de compétences, c’est toujours moi qui ai perdu de l’énergie à m’énerver. En définitive, c’est la question de ma propre incompétence qui est le cœur du problème!


Gênant? Difficile à avaler? Voire carrément moche? Pour ma part sur ce point l'atterrissage fut douloureux. Avec le temps j'ai compris qu'il s'agissait surtout de cesser d’argumenter avec la réalité, de lâcher prise. Et de cultiver cette si précieuse posture de l'Observateur (cf. les 5 clés à recevoir sur inscription). Est-ce que je dois renoncer à faire progresser Paul, pour autant? Non, mais je peux progresser moi aussi. Et mettre l’énergie de mon agacement ailleurs, de manière plus constructive.


Prendre ses responsabilités


Il s’agit donc de commencer à prendre la pleine et totale responsabilité de ce que nous ressentons et de se remettre en question. Oubliez la communication non violente pour aller reprocher à l’autre qu’il vous frustre pas son retard!


Oubliez la Communication Non Violente pour aller reprocher à l’autre qu’il vous frustre pas son retard!

Pour ce faire j’aime beaucoup les retournements que propose l'auteure et conférencière Byron Katie dans "The Work". Au travers de différents exercices, elle nous invite à retourner nos propos de différentes manières. "Je n’en peux plus de son incompétence" devient "Je n’en peux plus de mon incompétence". Aussi simple que redoutable. Laissez infuser et voyez ce que vous pouvez en apprendre...


Une question de performance avant tout


Que se passe-t-il lorsque vous reconnaissez en l’autre une partie de vous? L’agacement disparaît pour laisser place à la compréhension, à un certain calme et un autre regard sur la situation. De là, il devient davantage possible de "faire avec" et d’approcher la situation avec plus de sagesse et de pertinence. Les bénéfices sont multiples:

  • Se réapproprier ses parts d’ombres c’est donc une manière travailler votre relationnel, à l’heure où le travail en équipes transversales devient le facteur clé de succès.

  • Gageons que c’est également une manière de contribuer à l’inclusion et favoriser la diversité, un des leviers de l’innovation, indispensable moteur pour traverser la révolution industrielle en cours.

  • C’est aussi la clé d’une authenticité et d’une plénitude selon la Professeure Brené Brown. Ses recherches mettent en évidence que cela passe par l’acceptation de ses imperfections.

  • Mais plus généralement, c'est votre performance qui va y gagner! En effet, cette (nouvelle) conscience et cette connaissance de soi c’est un excellent prédicteur de succès individuel et de performance d’équipe, selon le Professeur Erich Dierdorff.


En bref,


Lorsque ce collègue vous agace, le secret consiste donc à ne pas voir le souci en l’autre mais à se regarder soi, en premier lieu.


Votre capacité à dépasser l’agacement va dépendre de la manière dont vous parvenez à vous réapproprier la partie de vous dont l’autre se fait le miroir. Cet aspect de vous qui vous gêne, vous chatouille ou ne correspond pas à l’image que vous avez de vous. Si de bienveillance il était question, vous aurez compris, à ce stade, qu'il s'agit surtout de celle que vous aurez pour vous-même ;-).


En intégrant cette nouvelle réalité, vous favorisez un retour au calme, des relations plus sereines et vous faites un pas vers plus de plénitude et d’authenticité. Mieux! Vous favorisez le succès de votre équipe, l’inclusivité mais aussi votre propre performance!


Alors, à quel·le collègue difficile allez-vous dire merci aujourd’hui? Et que vous aura-t-il permis de commencer à vous réapproprier?


Je me réjouis de vous lire!


Belle semaine!





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