Nous voilà en février: après quoi avez-vous décidé de courir cette année? Un diplôme? Une promotion? Un nouveau poste? Un sommet? Si vous êtes déjà le nez dans le guidon, prenez quelques minutes pour lire ceci et vous assurer que vous pédalez dans la bonne direction.
Notre société valorise une carrière. Le travail compte pour vous. Alors vous courez après la progression, vous vous efforcez de continuer à vous former et de vous lancer des défis. Vous voulez séduire pour réussir ou vous visez la reconnaissance sociale. Et puis vous vous dites qu'on n'a rien sans rien et qu’il y a un prix à payer pour certaines réussites. Soyons performant·es puis restons-le!
Alors forcément, en serrant les dents, vous espérez qu’un jour ça ira mieux. Vous vous sentirez accompli·e quand vous aurez atteint un certain niveau. Les choses seront plus faciles quand le projet sera fini. Vous pourrez vous détendre quand la situation de crise sera derrière.
D’ici là, vous compensez comme vous pouvez ce stress et ce fardeau. Un saut sur les réseaux sociaux, une soirée arrosée après le boulot, une cigarette bien méritée ou encore le dernier sac à main. Petites et justes récompenses sur la route du bonheur, vous dites-vous!
C’est à ce prix-là qu’est la satisfaction. La vérité, c’est qu’elle n’arrive jamais, n’est-ce pas? Et, quelque part, on le sait intuitivement, non? Voici pourquoi et que faire
La bonheur, une affaire de neurotransmetteurs
Le Dr. Gabor Maté dans son dernier livre, The myth of normal, fait la critique de notre société et met en évidence l’impact de son fonctionnement sur notre santé. Un passage m’inspire ce post. ”Le bonheur que notre société nous vend est, en réalité, du plaisir." Le plaisir, c’est de la dopamine. Cette substance si agréable sécrétée après un verre, un like ou encore un succès, par exemple.
”Le bonheur que notre société nous vend est en réalité du plaisir." Dr Gabor Maté
Or, la dopamine ne fonctionne que sur le court terme. Nos cerveaux sont carrément câblés pour revenir à un équilibre lorsque nous vivons des émotions intenses! D’ailleurs, vous l’aurez remarqué, ces plaisirs-là se soldent souvent par une gueule de bois ou par le stress supplémentaire induit par le nouveau poste où tout est à refaire. Pire, le plaisir est hautement addictif! Le professeur de médecine Robert Lustig explique: le plaisir c'est ”ça fait du bien, j'en veux plus” et précise que toutes les addictions mobilisent justement les systèmes de dopamine et/ou d'opiacés du cerveau.
La grande confusion entre plaisir et satisfaction
Alors voulons-nous vraiment continuer à chasser ces sensations-là? Une étude a révélé que 72 % des entrepreneurs qui réussissent souffrent de dépression ou d'autres problèmes de santé mentale. Le succès n’amène décidément pas forcément le bonheur! Le professeur en sciences sociales Arthur Brooks, de Harvard le souligne: ”Lorsque les gens se considèrent comme n'étant rien de plus qu'un beau corps, un travail ou un compte en banque, cela entraîne une grande souffrance”. Parce que réussite et satisfaction sont des variables indépendantes.
Le bonheur, en réalité, c’est ”je me sens bien, je suis satisfait, je suis complet” explique le Dr Maté. Bonheur et satisfaction fonctionnent à la sérotonine: ”le contentement est basé sur l'appareil à sérotonine, plus stable et à libération lente”.
"Bonheur et satisfaction fonctionnent à la sérotonine" Dr. Gabor Maté
Le bonheur, c’est s’allonger dans des draps fraîchement lavés, sourire aux canards au bord du lac ou encore être là pour et avec ses proches. Le bonheur cela ne coûte rien ou presque. C'est un état intérieur avant tout. Disons que, passé les besoins de sécurité de la pyramide de Maslow, il devient sérieusement accessible. Malheureusement le bonheur ne rapportant rien à l’économie, il est probable que les plaisirs de la vie aient encore de beaux jours devant eux.
L’art de cultiver la satisfaction
Peut-être qu’en étant conscient·e de leur caractère éphémère et addictif, vous regarderez désormais les plaisirs de la vie avec moins d’envie et commencerez surtout à vous demander comment cultiver le contentement. Car la bonne nouvelle c’est que se sentir bien, entier·ère, complet·ète c’est entre vos mains et ça se travaille!
Concrètement, gratitude, compassion et l’action orientée vers l’autre sont des stratégies connues pour cultiver le bonheur. Vite dit? Bien sûr, cultiver cela n'est pas évident. Pourquoi? Parce que le mental ne sait gérer des idées contradictoires et que l’émotionnel gagne toujours face à la logique. Autrement dit, il y a probablement un vieux programme en vous qui, inconsciemment, dit ”faire plus”, ”accomplir plus” c'est la garantie du bonheur. Il faudra éliminer les racines de ces vieilles croyances si vous voulez vraiment pouvoir cultiver ce contentement et commencer à savourer la vie d’une autre manière. Sinon c'est l'exercice de volontarisme pénible garanti, voire carrément voué à l’échec. (cf. changer vos habitudes? Oubliez la volonté, c'est totalement surfait)
En bref,
Prenez donc le temps de vérifier après quoi vous courez cette année. Souvenez-vous que l’on court avant tout après une émotion (cf. 7 idées pour donner un grand coup d'accélérateur à vos objectifs annuels). Apprendre à sortir des "objectifs-dopamine” et leurs plaisirs éphémères et se mettre à la poursuite des "objectifs-sérotonine" est probablement votre plus grande chance de parvenir à la satisfaction et au contentement au travail et dans la vie en général. Parce que,
Cultiver la satisfaction, c’est "carburer" à un calme intérieur inédit,
Cultiver la satisfaction, c’est se libérer d’une pression sous-jacente constante,
Cultiver la satisfaction, c’est surtout retrouver une énergie folle pour ce qui compte vraiment pour vous et réaliser que... Vous accomplissez tout autant mais autrement ;-)!
Alors vous, qu'allez-vous ajuster au niveau de vos objectifs 2023?
Et si gagner en satisfaction et en sérénité devait faire partie de vos ambitions et que vous avez besoin d'aide pour cela, faites-moi signe!
Belle semaine!
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