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Photo du rédacteurAnne Grandjean

Traverser l'inconfort du changement: une approche négligée qui accélère votre transition

J’ai manqué mon rendez-vous avec vous il y a 15 jours, parce que je suis en pleine transition.

Bon, j’ai volontairement poussé, avec un peu d’aide, les dominos dans le sens souhaité. Sauf que je n’ai pas tout anticipé.

Récemment ma tête s'est beaucoup agitée. A me retrouver désorientée. Sans repère. Vous savez quand...

Ce qui était sûr et solide ne l’est plus,

Ce qui était évident ne l’est plus,

Ce qui était vrai jusqu’ici ne l’est plus.


Un "vrai" moment de crise par contre, où le quotidien vous semble une mascarade, un mauvais rêve dont vous auriez juste envie de vous réveiller. Vous voilà dans l'inconfort et rarement compris·e dans votre réalité. Pourtant il faut faire avec. Il en va de même que vous subissiez ou vous provoquiez le changement, qu'il soit personnel ou professionnel.


Montagnes russes
Le changement est un processus souvent proche des montagnes russes - Credit: Unplash / P. Du Preez

Donc un matin vous sentez cela et c'est la panique: je fais quoi et surtout, j'en ai pour combien de temps?!?!


Les réflexes qui ne servent pas


Dans ces moments-là, pour que "ça passe", le réflexe est souvent une forme d’action.


Vous allez rire: ma tendance première dans ces situations est de ranger. De longue date, je range des tiroirs et des papiers lorsque ça chahute à l’intérieur. Comme si cela allait miraculeusement aider. Il peut m'arriver de vouloir me réfugier devant le petit écran ou alors de miser sur une petite soirée entre amis. De vraies stratégies de fuite ou de diversion.


Je peux aussi prendre le taureau par les cornes et vouloir accélérer les choses. Je m’assieds face à la page blanche pour pondre un plan d’action. C'est même parfois le vendeur de journaux du coin qui vous aguichera d’un racoleur ”10 conseils pour changer vite de vie” ou "how to get better at dealing with change".


En réalité, lorsque vous êtes en transition, vous avez besoin d'autres stratégies. On a secoué et on secoue encore la boule à neige et aucun mouvement n’amènera de clarté! Et la ranger dans votre poche ne fera pas plus avancer les choses.


La version moins glamour mais efficace


De longue date, quand ce genre de difficultés se présente sur mon chemin et que je tourne en rond, je passe par ma bibliothèque et je ressors mes classiques. Je me concocte une sorte de pharmacopée improvisée pour l'inspiration ou pour l'apaisement.


William Bridges dans "Transistions de vie" m'a alors rappelé, comme une invitation à ralentir, que le changement n'est pas un événement. C'est davantage un processus. J'ai beau balader la courbe du changement de Kübler-Ross dans mes workshops avec mes clients, je réalise combien je peux vite oublier qu'elle me concerne aussi.


Dans la perspective de Bridges, il y a une fin (ce à quoi on renonce), la zone neutre et un commencement (ce vers quoi on va). Au vu de mes symptômes (confusion, flou, chaos), j'étais clairement dans la zone neutre. Et là ce fut le coup d'assomoir: ”La première des activités (...) de la zone neutre est l'abandon. Il faut s'abandonner au vide et cesser de lutter pour s'en extraire”. J'ai relevé ce qui pour moi constitue encore un réel défi. J'ai abdiqué.


”La transition désigne le processus psychologique qui consiste à accepter et mettre en oeuvre le changement” William Bridges, PhD.

Le week-end venu je n’ai littéralement rien fait. Pas de grand mouvement. Une stimulation réduite au plus bas. M'observer dans l’immobilisme… Rien que l’écrire me chatouille encore l’esprit! Au final, un riche tête à tête avec moi-même, ma pile de bouquins et mon journal. 48 heures hors du temps. Sans même quitter la maison.

Les résultats de l'expérience


Premier constat, en réduisant la stimulation, mes pensées ralentissent. J’ai soudain de l’espace mental pour prendre de la hauteur.


Deuxième constat, je me détends enfin. Le corps se détend enfin. Cela me rappelle la sagesse du yogi qui, dans l'inconfort des postures, expérimente qu'il n'y a rien de mieux à faire que de respirer et détendre ce qui peut être détendu en pareille situation. Surtout, c'est en tolérant cet inconfort que vous reprenez les commandes.


Troisième constat, le ressenti se précise. D’un ‘ça ne va pas’ je passe à une série d’émotions bien articulées. Pas très agréables mais beaucoup plus claires. Et c’est bien lorsqu’on a les articule qu’on a une chance de comprendre leur messages.


L'accélérateur dans la zone neutre


Progressivement, la neige tombe au fond de ma boule et les liens entre les éléments sont mis à jour. Je finis par comprendre ce qui se joue en moi. J’ai redonné du sens à l’histoire et réaligné ce qui devait l’être.


Un peu inconsciemment, j'ai fait appel à la granularité émotionnelle. Une compétence très bien décrite par la psychologue Susan David (auteure de Emotional Agility). Il s'agit d'une compétence qui nous permet de comprendre nos expériences difficiles. Les mots comptent, explique-t-elle. Lorsque nous utilisons des étiquettes précises pour décrire ce que nous ressentons, nous sommes capables de transformer ce qui ressemble souvent à une expérience obscure, en quelque chose qui a des limites puisqu'il est défini.


"Lorsque nous utilisons des étiquettes précises pour décrire ce que nous ressentons, nous sommes capables de transformer ce qui ressemble souvent à une expérience obscure, en quelque chose avec des limites puisqu'il est défini", Susan David, PhD

Je ressors soulagée, contente mais épuisée. Naturellement, il est des zones neutres plus ou moins complexes à traverser. Avancer autant en 48 heures fut une grosse surprise.

En bref,


Cesser de "secouer la boule à neige" est probablement le meilleur truc à faire dans les transitions en phase neutre, lorsque tout est confus et que vous nagez en plein marasme. Stopper tout, reprendre son souffle, s’autoriser l’immobilisme, l’attente, le repos. Et là, observer. Laisser venir. Mettre des mots. La bonne nouvelle c'est que deux jours d'un sincère tête-à-tête avec vous-même et d'une réelle écoute de vos états intérieurs peuvent déjà vous faire sérieusement avancer.


Avec de la distance, pouvez-vous voir la force et le courage qu’un tel arrêt, une telle confrontation avec la réalité exigent? Bien plus qu’une soirée Netflix ou une autre trop arrosée. Cet immobilisme, ce lâcher prise, cette invitation à l'observation bienveillante ont tout d'une clé de performance dans le changement et d'une réelle force. Surprenant, non?


Se souvenir que vous êtes un être humain et non une machine qui change de programme à l'aide d'un bouton est central. Cela vaut pour vous comme pour les gens autour de vous. A méditer si c'est vous qui conduisez le changement d'ailleurs.


Alors vous? A quand remonte votre dernière transition et qu'est-ce qui vous a aidé à traverser la zone neutre?


Au plaisir de vous lire,


Belle semaine!




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