”C’est horrible ces meetings! Je me sens tout petit, attaqué de toute part, non respecté et constamment sous pression.”
Voilà en substance ce que me disait Steven, un manager brillant au poste exposé, dans une de nos séances.
Il évoque ces situations où vous vous demandez ce que vous avez fait pour mériter ça. Où vous ne comprenez pas ce qui se joue. Où vous avez tout tenté mais rien n’y fait. Souvent, vient alors le ”Mais qu’est-ce que je fais de faux!?”
On parle ici de ces situations hautement émotionnelles, de tensions, d’oppositions de vues et où la communication ne passe pas du tout. Ces situations qui vous mettent à plat et vous laissent tantôt agacé·e, frustré·e, hyper stressé·e voire totalement dépité·e. Avec cette sale impression de subir les événements et de baigner dans une certaine impuissance.
Et si tout cela pouvait changer radicalement et transformer au passage votre leadership?
La pharmacopée traditionnelle
Le psychologue Marshall Rosenberg, via la méthode de la Communication Non Violente (CNV), a donné des clés importantes:
D’abord observer, sans jugement. Les faits donc. Étape formidable pour prendre du recul par l’observation (cf. Les 5 secrets). Exemple: ”Tu cries et tapes du point sur la table.”
Ensuite, clarifier ce que je ressens : ”Je me sens minable parce que j’ai l’impression de faire tout faux.”
Définir, sur cette base, ce dont j’ai besoin: ”J'ai besoin de respect.”
Enfin, formuler ma demande: "Est-ce qu’on peut dialoguer dans le calme?”
Schématiquement, il s’agit d’exprimer clairement mes besoins en mettant en évidence leur raison, trouvant leurs racines dans mes émotions.
Les limites de la Communication Non Violente
Si une telle approche a le mérite de favoriser la compréhension, le dialogue avec l'autre et de poser certaines limites, elles présente également un certain nombre de difficultés:
Voulez-vous vraiment avouer à ce chef que vous vous sentez tout petit? Dans ce monde où la vulnérabilité doit encore gagner ses lettres de noblesses en entreprise? Il y a vulnérabilité et vulnérabilité: il s'agit de l'utiliser à votre avantage. C'est une chose de dire "Aide-moi à comprendre", c'est autre chose de dire "Je me sens nulle", n'est-ce pas?
Voulez-vous devoir, à chaque situation similaire qui se présente, répéter ce discours? Autrement dit, le prochain qui criera vous mettra-t-il dans le même état de puissante remise en question? Probablement.
Est-il pertinent de considérer que vous êtes le fond du problème? Et que c’est à vous de composer avec ces énergumènes sanguins ou tout autre individu jugeant ou encore hyper contrôlant? Autrement dit, voulez-vous porter le poids de tous les travers de vos interlocuteurs·trices?
Une autre clé de lecture éclairante
Et si tout cela n’avait rien à voir avec vous?
Et si la personne qui critique manquait tout simplement de confiance en elle et avait besoin de ”se positionner au-dessus” pour se sentir mieux?
Et si celle qui est en colère masquait ses peurs derrière ses cris?
Et si celle qui vous dit "non" et résiste cachait simplement ses craintes, elle aussi?
En réalité, votre interlocuteur·trice appuie sur un "vieux bouton" chez vous: votre peur de ne pas être assez bien, votre crainte de ne pas plaire, votre besoin de reconnaissance sans fond, etc.
Autrement dit, si votre valeur n’était plus jamais en jeu, qu’est-ce que cela changerait à de telles interactions? Je pose cette question à bientôt tous mes coachés. Et la réponse est assez régulièrement la suivante: ” TOUT!”
Une communication transformée et plus impactante
Bien sûr que cela change tout! Lorsque votre regard sur vous-même est solide (et réaliste, bien sûr), alors vous n’avez plus besoin de Communication Non Violente pour vous défendre tant bien que mal face aux blessures de l’autre. Mieux, vous pouvez investiguer ce qui se joue réellement en face de vous! Mettre des mots sur la peur et les besoins de l’autre en questionnant ouvertement et en confiance. Voilà comment booster votre communication!
C’est aussi ainsi que l’on développe son leadership ”coach”, un style tellement nécessaire dans la complexité du monde dans lequel on vit!
Et si votre valeur n’était plus jamais en jeu, qu’est-ce que cela changerait dans vos interactions?
Gageons ,enfin, pour reprendre une idée de fond de Rosenberg, que votre capacité à rentrer dans l’empathie en est grandement favorisée, dès lors que vous n'êtes plus à la merci de vos propres ”blessures”.
Et comment on fait cela?
Une fois que vous réalisez que la solution est entre vos mains, il vous revient de travailler sur vous. Prendre conscience que vos émotions sont juste un écho d’une situation probablement déjà vécue par le passé ,voire très loin dans le passé est une première étape clé. Voir ensuite que vous tendez à la reproduire encore et encore parce que c'est devenu familier est la seconde. Il s'agira alors de rendre familière une stratégie plus porteuse.
A ce stade, je pourrais vous dire de coller des post-its sur votre frigo vous rappelant que vous êtes quelqu’un de bien. Puis vous dire de vous le répéter encore et encore. Mais si vous lisez ce blog, vous connaissez les limites de la volonté pour changer ses habitudes.
Et si vous butez sur l'obstacle? La voie rapide!
Nous ne sommes pas des animaux rationnels: 95% du temps nous fonctionnons sur l’émotionnel, nos vieux programmes, l’inconscient et ses mystères. Travailler avec le conscient et le rationnel vous fera certainement faire un bout de chemin. Mais si les ”how to books" marchaient, on arrêterait d’en écrire, non?
Si vous prenez à votre compte les cris de votre chef, son manque de reconnaissance, sa froideur ou ses critiques, alors considérez d’aller investiguer d’où cette habitude vient. Et faites-le en vous attaquant au 95% de votre fonctionnement, vos automatismes, habitudes et réflexes inconscients. L’hypnose a cet avantage sur d’autres approches de vous donner accès à cette partie-là de votre cerveau. Cet état de détente et de concentration vous permet d’avoir accès à ces trésors cachés.
En bref,
La Communication Non Violente est une formidable béquille pour situations délicates qui constitue un premier pas vers le respect de soi-même et de ses besoins. Elle présente néanmoins de sérieuses limites parce qu’elle ne s’attaque pas à la racine du problème. Ne pas se sentir respecté·e si quelqu’un arrive en retard, cela se transforme! Se sentir tout·e petit·e si quelqu’un crie aussi! C’est entre vos mains et cela s’appelle l’estime de soi! Et si vous travailliez davantage sur ce levier que de chercher des parades à ce que vous percevez comme des attaques personnelles?
Et si vous pouviez enfin ne plus prendre personnellement les travers et dysfonctionnements des autres?
Et si lors de ces échanges, vous pouviez réellement les aider à avancer et comprendre par exemple la peur qu’ils·elles cachent derrière colère ou résistance?
Alors, dites-moi, et si votre valeur n’était plus jamais en jeu au travail, qu’est-ce que cela changerait?
Belle semaine!
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